Col: Les colonies, la Révolution française, la loi

Col: Les colonies, la Révolution française, la loi

Organizer
Institut d'Histoire de la Révolution Française, ANR RevLoi Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, GREHDIOM, Centre d'Histoire Judiciaire, CNRS-Université de Lille 2
Venue
Université Paris I-Panthéon-Sorbonne, 12, place du Panthéon, Salle 1
Location
Paris
Country
France
From - Until
23.09.2011 - 24.09.2011
Website
By
Middell, Matthias

Ce colloque s'inscrit dans la célébration de « 2011, année des Outre-Mer ».

Le droit colonial fixe le cadre juridique des relations entre la France et ses colonies. Ses champs d'applications sont immenses : relations commerciales, commerce des hommes, droits des personnes, des propriétés, fiscalité, justice, fonctionnement des institutions... Outre les colonies et le commerce colonial, la législation porte aussi sur le séjour des Noirs et gens de couleur en France, tout au long du XVIIIe siècle. Sous l'Ancien Régime, ces lois et règlements concernant les colonies et émanant de l'autorité centrale sont rassemblés dans des recueils communément appelés « Code Noir ». Certains de ceux-ci connaissent plusieurs éditions au XVIIIe siècle, révisées et augmentées en fonction de l'évolution de la législation. Les textes rassemblés dans le Code Noir sont utiles à la fois aux propriétaires d'esclaves, aux autorités coloniales, aux administrations maritimes, aux négociants ou aux capitaines de navire. Leur publication est une entreprise éditoriale privée, plus qu'une initiative monarchique. La Révolution française modifie-t-elle ce cadre de publication de la loi coloniale ?

Sous l'Ancien Régime, le droit colonial se construit à la fois à Versailles, mais aussi dans chaque colonie, d'autant plus que la France hésite entre l'assimilation juridique et le régime de la spécificité dans les colonies. Le fait révolutionnaire modifie-t-il cette pratique ? La Révolution tranche-t-elle ce débat ?

La période de la Constituante est marquée par la volonté de cette assemblée d'intervenir le moins possible dans la législation coloniale. En effet, le 24 septembre 1791, l'Assemblée constituante laisse aux assemblées coloniales tout pouvoir pour légiférer sur les droits des personnes dans les colonies. Pourtant, la Constituante fonde un comité des colonies, le 2 mars 1790. La Révolution rend possible l'égalité entre Blancs et libres de couleur, le 28 mars 1792, et l'abolition de l'esclavage, le 4 février 1794. Les mécanismes aboutissant à ces lois sont à la fois internes (rôle des philanthropes) et externes (révoltes des libres de couleur et des esclaves, guerre). Il faudra aussi s'intéresser au temps de la loi, au caractère éphémère de l'abolition de l'esclavage, à sa non application aux Mascareignes. La Constitution de l'An III [1795] qui instaure le Directoire, adopte le principe de l'assimilation juridique des colonies. Elle se traduit par la loi du 23 octobre 1797, qui transforme les colonies en départements français et la loi du 1er janvier 1798 qui déclare citoyen français, tout individu noir ou sang-mêlé, à condition qu’il soit attaché à la culture, employé dans les armées ou qu’il exerce une profession ou un métier. En six années, le pouvoir législatif français est passé d'une posture de délégation de la loi à des assemblées coloniales à une assimilation juridique. Il faut souligner le caractère éphémère de ce choix, car dans la Constitution de l'An VIII [1799], le pouvoir consulaire revient au régime de spécificité juridique des colonies.

Si elle a modifié la législation coloniale, le Révolution n’a pas été prodigue d’expéditions coloniales. L'expédition d'Egypte (1798-1801) constitue en effet sa seule entreprise coloniale. Dans quel cadre se met en place cette colonisation sous un ordre juridique nouveau ? Enfin, la Révolution s'achève par le rétablissement de l'esclavage en Guadeloupe, décidé par Napoléon Bonaparte Désormais, les autorités coloniales se consacrent au rétablissement d'un ordre esclavagiste et ségrégatif, à l'application et l'adaptation du Code civil dans les colonies.

La colonisation se poursuit au-delà de la Révolution et l'un de nos objectifs est de déterminer l'influence de cette période sur la production du droit colonial, lors de la deuxième colonisation française qui commence à partir de 1830 avec le début de la conquête de l'Algérie.

L'objectif général de ce colloque est d'emprunter un certain nombre de pistes de recherche concernant la loi, son élaboration, sa publication et son application en milieu colonial pendant la Révolution française et d'étudier l’impact et la postérité de celle-ci sur le droit colonial, en posant la question centrale de l’existence, des modalités et des limites d’un droit colonial révolutionnaire et de sa postérité.

Existe-t-il un droit colonial révolutionnaire ? C’est à cette question centrale que ce colloque international ambitionne d’apporter des éléments de réponse en faisant appel à des historiens, des historiens du droit et des juristes. Isoler une législation coloniale révolutionnaire revient à s’interroger sur ses caractéristiques et ses spécificités. Afin de les découvrir, le colloque s’organisera autour de quatre axes de réflexion qui permettront de cerner au plus près la loi coloniale révolutionnaire :

- Les modes de production de la loi coloniale révolutionnaire et ses acteurs.
- Le contenu de la loi coloniale révolutionnaire.
- Son application pratique.
- La postérité de la loi révolutionnaire.

Ces axes de réflexion seront évoqués au fil des différentes phases historiques et politiques qui caractérisent la période révolutionnaire (envisagée au sens large, de 1789 à l’Empire), au cours desquels la loi coloniale a changé de visage et de contenu. Chaque phase est en effet marquée par une dominante idéologique en matière de loi coloniale : conservatisme pour la première ; radicalité dans l’application des principes révolutionnaires à la législation coloniale pour la suivante ; réaction vers l’ancien droit colonial pour la troisième. Au préalable, le passage de l'Ancien Régime à la Révolution sera évoqué au travers de l'exemple des libres de couleur, et au final, un éclairage sur l'héritage de la Révolution française dans le droit colonial sera porté.

I. La législation sur les noirs et gens de couleur en France de l'Ancien Régime à la Révolution

II. Les questions coloniales saisies par la Constituante et la Législative

III. Appliquer une législation radicale dans les colonies sous la Convention et le Directoire

IV. Retour du droit colonial réactionnaire sous le Consulat et l’Empire

V. L'héritage de la Révolution française dans le droit colonial

Programm

vendredi 23 septembre

09h00 - Accueil des invités

09h30 - Allocutions des personnalités.

10h15 - Pause-café

10h30 - Introduction générale
Du Code Noir à la Révolution française : Remarques sur le droit colonial de l'Ancien Régime
Frédéric Régent, Maître de conférences en Histoire, Institut
d'Histoire de la Révolution Française (EA 127-UMS 622), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Jean-François Niort, Maître de conférences en Histoire du droit et des institutions, CRPLC (UMR 5083), GREHDIOM, Université des Antilles et de la Guyane.

I. La législation sur les noirs et gens de couleur en France de l'Ancien Régime à la Révolution

11h00 - Élaboration et pratique de la législation sur les Noirs en France au cours du XVIIIe siècle
Pierre Boulle, Professeur des universités en Histoire, Université McGill, Montréal.

11h20 - Les libres de couleur dans le jeu politique en France en 1789 : Origine, implication, devenir
Erick Noël, Professeur des universités en Histoire, Archéologie
Industrielle, Histoire et Patrimoine (AIHP, EA 929), Université des Antilles et de la Guyane.

11h40 - Discussion

12h30 - Déjeuner

II. Les questions coloniales saisies par la Constituante et la Législative

14h30 - Les Constituants et la loi dans les colonies (1789-1791) : L'idéal libéral à l'épreuve de la question coloniale
Yann-Arzel Durelle-Marc, Maître de conférences en Histoire du droit et des Institutions, Centre de Recherches juridiques de Franche-Comté (EA 3225), Université de Franche-Comté.

14h50 - Exclusif, droit des neutres et révolutions (1789-1799)
Manuel Covo, Doctorant en Histoire, Centre d'Etudes Nord-Américaines, Mondes Américains, Sociétés, Circulations, Pouvoirs (CENA-MASCIPO, UMR 8168), EHESS.

15h10 - Discussion

15h40 - Pause-café

III. Appliquer une législation radicale dans les colonies sous la
Convention et le Directoire 16h00 - L'abolition, la révolution et la loi, ou de l'originalité du cas français, vers 1780 / 1848
Olivier Pétré-Grenouilleau, Inspecteur général de l'Education nationale, Professeur associé, Centre Roland Mousnier (UMR 8596), Université Paris IV-Paris- Sorbonne.

16h20 - Abolir l'esclavage (1793-1848)? Succès et limites d'une mesure révolutionnaire
Frédérique Beauvois, Assistante diplômée, Institut d'histoire économique et sociale (IHES), Université de Lausanne.

16h40 - L'ombre du gouverneur derrière la façade uniformisée des départements d'outre-mer : L'institution des agents particuliers dans la loi du 1er janvier 1798
Frédéric Charlin, Docteur en Histoire du droit et des institutions, Centre d'études et de recherche sur le droit, l'histoire et l'administration publique (CERDHAP), Université de Grenoble, et GREHDIOM (Université des Antilles et de la Guyane).

17h00 - Discussion

19h00 - Cocktail dinatoire tropical

Samedi 24 septembre

09h00 - Le droit pénal esclavagiste à l'Ile de La Réunion : Rupture ou continuité avec l'Ancien Régime (1796-1802)
Bruno Maillard, Docteur en Histoire, Université Paris VII, ATER à l'Université Paris XII.

09h20 - Révolution, colonies et droit privé
Eric de Mari, Professeur des Universités en Histoire du droit, UMR 5815, Institut d'Histoire des Anciens Pays de Droit Ecrit, Université Montpellier I.

09h40 - Discussion
10h00 - Pause-café

IV. Retour d¹un droit colonial réactionnaire sous le Consulat et l'Empire

10h30 - De la Constitution de l¹an VIII au rétablissement de l'esclavage (1802) et à l'application du Code civil (1805) dans les colonies françaises : Le retour d¹un « droit colonial » réactionnaire et dérogatoire sous le régime napoléonien
Jean-François Niort, Maître de conférences en Histoire du droit et des institutions, CRPLC et GREHDIOM, Université des Antilles et de la Guyane.
Jérémy Richard, Docteur en Histoire du droit (Université d¹Aix-Marseille), GREHDIOM.

11h00 - Une construction impériale : Le Code Decaen à l'Ile de France (1803 ­ 1810)
Bernard Gainot, Maître de conférences, habilité à diriger des recherches en Histoire, Institut d'Histoire de la Révolution Française (EA 127-UMS 622), Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne.

11h20 - Le procès d'une insurrection d¹esclaves en 1811 à la Réunion : Entre droit de l'ancien régime et droit colonial révolutionnaire
Sudel Fuma, Professeur des universités en Histoire contemporaine, directeur de la Chaire UNESCO

« Relations et apprentissages interculturels dans l'océan Indien », Centre de Recherche sur les Sociétés de l¹Océan Indien (EA 12, CRESOI), Université de La Réunion.

11h40 - Discussion

12h30 - Déjeuner

V. L'héritage de la Révolution française dans le droit colonial

14H20 - Le statut des Egyptiens sous l¹expédition d¹Egypte : L'invention d'un nouveau droit colonial
Yerri Urban, Docteur en Droit Public, Centre d'Etude et de Recherche en Droit et en Sciences Politiques (CREDESPO, EA 902), Université de Bourgogne.

14H40 - Citoyenneté et propriété en Algérie au XIXe siècle : Devenir des idéaux révolutionnaires libéraux, d'après les archives de Victor-Ambroise Lanjuinais (1802- 1869).
Florence Renucci, Chercheur, CHJ (UMR 8025), CNRS Université Lille 2.

15H00 - Les Justices de paix dans un contexte colonial : Un laboratoire d'expérimentation juridique ?
Sandra Gérard-Loiseau, Ingénieur d¹études, CHJ (UMR 8025), CNRS-Université Lille 2.

15h20 - Discussion

16h00 - Pause-café

16h30 - Conclusion générale
Serge Dauchy, Directeur du CHJ, Pierre Serna, Directeur de l'IHRF.

Contact (announcement)

Institut d'Histoire de la Révolution Française
17 rue de la Sorbonne
75005 Paris
Email: ihrf@univ-paris1.fr


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Published on
09.09.2011
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French
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